Aulnay victime du syndrome Nimby ?

Publié le par Bernard Joseph

Nimby, de la conscience citoyenne à l'individualisme forcené
Selon Wikipedia, "l'acronyme NIMBY provient de l’anglais Not In My Back Yard qui signifie pas dans mon arrière-cour.

Nimby désigne une position éthique et politique, qui veille à ne pas tolérer de problèmes dans son environnement proche. Cette idée peut s'appliquer à une personne (quelqu'un qui a une attitude Nimby est un Nimby) ou à une association de riverains créée pour défendre son environnement - ces associations sont aussi nommées nimby. Le terme a été utilisé pour la première fois en 1980 et se retrouve dans la littérature sociologique francophone, on parle parfois de syndrome nimby ."
Ce phénomène traduit aussi l'augmentation des conflits de localisation depuis les années 1970-1980. Au début, ces conflits de localisation concernaient des projets industriels (centrales nucléaires, usines polluantes, décharges, incinérateurs,...) ou d'infractructures de communication (autoroutes, voies ferrées, aéroports,...). Peu à peu, elles concernent des installations collectives telles que logements sociaux, parc à conteneurs, centre d’accueil pour demandeurs d’asiles ou lieu d’aide aux toxicomanes.

Souvent connoté négativement, le phénomène NIMBY est multiforme. Il peut être la traduction de la la vitalité d’une conscience citoyenne et du souci d’un environnement respecté, la manifestation d’une exigence de qualité de vie. 
Le syndrome Nimby peut aussi être perçu comme l'expression de la seule idéologie qui subsiste au XXIe, un invidualisme forcené, signe d'un égoïsme absolu qui refuse d'assumer les nécessités d'un projet  collectif, l'ultime effondrement de la notion d’intérêt collectif.

Nimby, mode d'emploi
Comme tout phénomène, le NIMBY a un développement qui a pu, au fil des observations, être décrit et formalisé en étapes : 
- la rumeur : « on » dit que quelque chose va se passer;  
-  le sentiment d’injustice des riverains : « pas de ça ! » ;  
- la recherche d’information des riverains ;  
- la médiatisation du projet et de l’opposition ; 
- le lobbying des parties auprès des autorités, de la société civile, éventuellement d’autres sociétés;  
- l’affrontement sous forme de manifestations, de pétitions, …; 
- la négociation et la résolution dans le meilleur des cas ; 
- éventuellement l’accompagnement, si le projet se réalise, que la volonté existe et que le climat le  permet.  


Et à Aulnay ?
Phénomène de société, il était évident que notre ville ne pouvait pas y échapper. Quoiqu'il en dise sur son blog Aulnay Libre !, Stéphane Fleury est devenu au niveau local un des artisans de ce syndrome Nimby avec la mise en avant de deux implantations de logements sociaux, rue des Saules et rue Maurice Nilès. Il ne s'agit pas de mettre en doute ni l'honnêteté de Stéphane Fleury, ni la légitimité de son combat. Mais, il faut bien mesurer la portée de sa démarche et son écho inattendu parmi la population. On peut légitimement comprendre les raisons et l'émoi des populations riveraines, surtout en sachant que de nombreuses réalisations de logements sociaux se sont révélés être des catatrophes urbanistiques. Ces riverains ont droit à la parole et à la considération de leurs points de vue. Cependant, dans la masse des réalisations immobilières passées, actuelles et programmées, il est frappant de constater que les deux projets suscitant le plus de passion soient les deux projets de logements sociaux. Monsieur Fleury, pour avoir participé à des réunions sur la révision du PLU conviendra aussi du relatif intérêt des aulnaysiens lors de la phase de concertation. Force est de constater que certains ne se sentent concernés que lorsque cela touche leur envrionnement immédiat.
Dans les deux cas d'implantations susmentionnés, ces mêmes riverains doivent aussi prendre en compte les réalités du marché de l'immobilier à Aulnay et en Île-de-France. Pour la seule ville d'Aulnay, plusieurs milliers de familles sont en attente d'un logement, avec parfois des situations dramatiques. Et aussi la réalité de l'accès des jeunes au logement avec cette terrible hémorragie démographique

Les élus d'opposition ont aussi leur rôle à jouer dans un tel dialogue mais ils doivent aussi de faire de manière responsable et ne pas exacerber les passions. Car ils ont aussi une immense responsabilité dans la grave pénurie en logement qui frappent les aulnaysiens : ils ont géré la ville pendant un quart de siècle et sont aussi solidaires des politiques du logement hyprocrites, inefficaces et destructrices menées depuis 2001. Le "greenwashing" de la droite ne doit pas faire oublier leur soutien inconditionnel à de multiples projets de promoteurs immobiliers privés qui n'ont pas toujours été des réussites architecturales.

Enfin, dernière constatation. Dans notre ville, la contestation citoyenne est aussi devenue possible grâce à la mise en place depuis un an de véritables outils de démocratie participative. Et les vrais lieux de dialogue doivent être ces réunions de quartier et ces comités de quartiers dans lesquels devraient se dessiner la ville de demain, notre ville.

Aller plus loin :
- le portail Environnement de la région Wallone
- le Rapport Bourgogne : Les conflits de Localisation : le syndrome Nimby par Nicolas Marchetti en pdf

Publié dans urbanisme - PLU - PRU

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S
Bonjour à vous,juste pour vous signaler l'intérêt qu'a suscité votre article et quelques explications de notre point de vue sur Aulnaylibre.http://aulnaylibre.over-blog.com/article-32987292.htmlBien cordialementStéphane Fleury
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