Autolib' : les contribuables aulnaysiens devront renflouer l'ami Bolloré

Publié le par Laurent Comparot

Le 4 janvier dernier, l'hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné révélait que d'ici 2023 le déficit du système de location de véhicules électriques Autolib' pourrait atteindre 179 millions d'euros dont seulement 60 millions à la charge de l'opérateur, le groupe Bolloré. La note risque donc d'être très salée pour Paris et les 97 villes d'Île-de-France équipées dont Aulnay-sous-Bois.

Initialement, le projet était supposé être à l'équilibre à partir de 80.000 abonnés utilisant deux fois par semaine un véhicule pendant une heure. Aujourd'hui, le système compte plus de 132.000 utilisateurs mais la fréquence d'usage est faible alors que les ressources reposent pour les trois quart sur le temps d'utilisation. On assiste paradoxalement à une hausse du nombre des abonnés et à une baisse de l'utilisation. Le succès d'Autolib' était largement dû à le densité du maillage et à la disponibilité des véhicules. Désormais, le nombre élevé d'utilisateurs rend ces facilités caduques. Autolib' est confronté à une sorte de plafond de verre empêchant sa rentabilité. Par ailleurs, le service n'est pas toujours optimal avec des véhicules souvent sales, mal entretenus avec des systèmes de guidage souvent à bout de souffle.

Parallèlement, le développement des services Uber a changé les réflexes et habitudes d'une clientèle urbaine. Pourquoi s'embêter à rechercher une station Autolib' disposant d'une véhicule libre proche du lieu de départ et à tenter de trouver un station libre proche de son lieu de destination quand dans le même temps un service de type Uber vous conduit de porte à porte pour le même prix.

Bruno Beschizza inaugurant le service Autolib' en décembre 2015 (Direct Matin)

Bruno Beschizza inaugurant le service Autolib' en décembre 2015 (Direct Matin)

En juillet 2015, Aulnay-sous-Bois a rejoint le syndicat mixte Autolib' Métropole avec une mise en place fin 2015. Notre commune compte sept stations réparties sur un territoire allant de la proximité sud de la ligne SNCF au quartier de la Rose des Vents. A noter que le sud de la ville n'est pas du tout équipé.

Si la mise en place en 2015 a été longue, la première année de fonctionnement en 2016 a été courte avec plusieurs semaines d'interruption du service sur l'intégralité de la ville suite à l'incendie de véhicules sur des stations de la ville (comment est-ce possible dans la ville de l'insécurité zéro de monsieur Beschizza ?).

Autolib' : les contribuables aulnaysiens devront renflouer l'ami Bolloré

Au moment de la rédaction de cet article, ce vendredi après-midi, seules six stations sur sept étaient opérationnelles. Sur les 38 bornes opérationnelles, 35 étaient occupées par un véhicule disponible. Seulement trois emplacements étaient disponibles pour le retour tous situés dans la rue du 8 mai 1945. Les autres emplacements disponibles à proximité étaient situés soit à la Muette à Drancy, soit à Montfermeil. Cette situation reflète bien le problème de la mise en place de l'Autolib' sur Aulnay-sous-Bois : un faible maillage, peu de rotation des véhicules, une capacité de stationnement en retour quasi inexistante, aucune analyse des besoins...

La mise en place d'Autolib' sur Aulnay-sous-Bois est fondamentalement pas une mauvaise idée mais encore il aurait fallu étudier le dossier avec attention et précaution et ne pas bêtement appliquer une des promesses de campagne du candidat Beschizza (Transport, mesure n°3 page 19 du programme de Bruno Beschizza pour les élections municipales) afin de répondre au mieux aux besoins des aulnaysiens. Le dossier a été visiblement mal géré par Bruno Beschizza et son conseiller municipal en charge des transport Mathieu Tellier. L'offre est totalement inadaptée et techniquement pas gérée. A raison d'un abonnement de 10 € par mois sur une période de 12 mois tacitement renouvelée pour un service plus qu'aléatoire, les Aulnaysiens n'ont aucun intérêt à s'abonner à Autolib'.

A l'heure actuelle, on ignore à quelle hauteur la ville est financièrement engagée dans le dispositif Autolib', ni ce que le déploiement et la vandalisation des véhicules et des stations ont coûté à la ville. Nous espérons que les élus de l'opposition soucieux des finances publiques auront dans un futur proche communication de ces éléments. Dans un communiqué en date du 5 janvier 2017, Autolib' Metropole, syndicat dans lequel Bruno Beschizza siège en qualité de conseiller syndical, réfute l'hypothèse d'un renflouement du dispositif Autolib' par les collectivités publiques au profit de la SA Autolib' du groupe Bolloré. Dans l'immédiat, il est question d'augmenter les tarifs d'utilisation passant de 6 à 7 € la demi-heure, disposition contraire au contrat de DSP qui plafonne l'augmentation à 34 % sur la durée du contrat. Une mesure qui fera renter de l'argent dans l'immédiat mais nuira à l'attractivité et à la pérennité financière du dispositif. Pour sa part, Bolloré réclame la fermeture de certaines stations non rentables et ne compte surtout pas assumer l'intégralité des pertes. En ligne de mire, sont visées les stations sous-utilisées des ville de banlieue.

In fine, notre ville va peut-être se retrouver dans la situation de payer les pertes, voire même de payer les pertes et de fermer ses stations dans le courant de l'année 2017 !

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article