La Princesse de Clèves, c'est tendance

Publié le par Stéphane Legrand

Il est rond et bleu. C'était l'objet tendance du dernier salon du livre. Symbole de la culture française et aussi de la contre-culture, c'est bien sûr le badge "J'ai lu la Princesse de Clèves".

Tout est né d'une de ces "bonnes blagues" de Nicolas Sarkozy, dans le registre du fameux "parler cash" :

« L’autre jour, je m’amusais, on s’amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d’attaché d’administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur ‘La Princesse de Clèves’. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu’elle pensait de La Princesse de Clèves Imaginez un peu le spectacle ! »



Mépris, populisme et inculture érigé en modèle
On ignore si monsieur Sarkozy a lu la Princesse de Clèves voire une quelconque oeuvre classique et s'il passe vraiment son temps à lire les sujets de concours administratif. Ou cettte  histoire n’est que du storytelling préparé par son équipe de communication et il a bien appris sa fiche.

On notera au passage le mépris qu’elle traduit. La “guichetière”, évidemment, est une conne inculte qui bien sûr est totalement incapable de lire et comprendre un oeuvre classique.

En bruit de fond, il y a les rires gras qui s’élèvent quand le Président ricane et tourne en dérision une littérature pour lui incompréhensible et inutile. En raillant la Princesse de Clèves, il met dans sa poche ce monde de l'inculture et le conforte. Ce populisme de bas étage est inacceptable de la bouche d'un président de la République.
Le Président possède toujours cette faculté de fédérer et de rassembler sur la base de tout ce qui est de plus bas et minable dans le mentalité collective des français. C'est la haine de l'autre avec la politique de l'"Identité Nationale", c'est la peur de l'autre avec la stigmatisation de certains groupes sociaux dits criminogènes, c'est aussi l'argent, la soif du gain et son exhibition érigés en modèles. Ici, c'est l'apologie de l'inculture, la haine contre une culture inconnue présumée inabordable donc inutile.

Bien plus qu'une posture, un sentiment profond
Au delà d'un discours destiné à s'assurer et à un rassurer un électorat quite à le conforter dans l’inculture,  c’est un mode de pensée née du mépris de Nicolas Sarkozy pour la culture française. Il n'est même pas en mesure de comprendre ce que peut apporter (rapporter dans son cas) la Princesse de Clèves.
Pas de chance, premier grand roman moderne, cet ouvrage est un des monuments de la littérature française qui à l'époque a connu un immense succès.

Malgré lui, il fait se rencontrer culture et contre-culture
Hérault malgré lui de la culture française, il faut reconnaître une immense qualité à monsieur Sarkozy : celui d'avoir exhumé l'oeuvre de madame de Lafayette et d'avoir propulsé son roman à la 89e place des ventes en littérature, et à la 92e place des vente de livre de poches tous genres confondus.
Si vous parvenez à vous en procurer un exemplaire, ce qui est actuellement difficile, beaucoup de librairies étant en rupture de stock, nous vous en souhaitons une bonne lecture.

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J
Pour éviter d'encombrer votre bibliothèque, il est disponible gratuitement.http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/madame-de-la-fayette-la-princesse-de-cleves.htmlBon doliprane!
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S
<br /> <br /> « Là où on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes.  » Heinrich Heine<br /> <br /> <br /> <br />