Emprunts toxiques : les solutions des parlementaires
Le rapport de la commission d'enquête sur les produits financiers à risque souscrits par les acteurs publics locaux (commision présidée par Claude Bartolone et dont le rapporteur est Jean-Pierre Gorce) vient de publier son rapport.
Après six mois d'enquête parlementaire, le rapport souligne les responsabilités : des collectivités un peu naïves, des banquiers trop agressifs, un Etat très passif.
ENCOURS DES EMPRUNTS STRUCTURÉS PAR CONTREPARTIE
(en millions d’euros)
Emprunteurs | Nbre de contrats | Encours total des emprunts structurés | Encours à risque faible | Encours à risque | Dont encours très risqué | |||
(5B, 5C, 5D, 2E, 3E, 4E, 5E, HC) | (3E, 4E, 5E, HC) | |||||||
Collectivités territoriales | 8 968 | 23 323 | 9 675 | 41,5 % | 13 648 | 58,5 % | 11 641 | 49,9 % |
Communes | 6 230 | 11 190 | 4 279 | 37,0 % | 6 912 | 61,8 % | 5 721 | 51,1 % |
dont -10 000 hab | 3 804 | 3 049 | 1 341 | 44,0 % | 1 708 | 56,0 % | 1 394 | 45,7 % |
dont 10 000 à 100 000 hab | 2 237 | 6 568 | 2 182 | 33,2 % | 4 387 | 66,8 % | 3 627 | 55,2 % |
dont +100 000 hab | 189 | 1 573 | 756 | 48,1 % | 817 | 51,9 % | 700 | 44,5 % |
EPCI et autres structures (CCAS, SDIS, syndicats…) | 2 135 | 5 818 | 2 454 | 42,2 % | 3 364 | 57,8 % | 2 847 | 48,9 % |
Départements | 402 | 4 205 | 1 744 | 41,5 % | 2 461 | 58,5 % | 2 282 | 54,3 % |
Régions | 201 | 2 110 | 1 198 | 56,8 % | 911 | 43,2 % | 791 | 37,5 % |
Hôpitaux et établissements de santé | 1 180 | 5 964 | 2 664 | 44,7 % | 3 300 | 55,3 % | 2 689 | 45,1 % |
Organismes de logement social | 540 | 2 838 | 959 | 33,8 % | 1 879 | 66,2 % | 1 457 | 51,3 % |
TOTAUX | 10 688 | 32 125 | 13 298 | 41,4 % | 18 807 | 58,6 % | 15 787 | 49,2 % |
Source : Commission d’enquête, encours au 28 octobre 2011 (sauf Dexia : 31 août 2011). Les cotations utilisées sont celles de la charte Gissler (HC=hors charte).
Le document intitulé « D'une responsabilité partagée à une solution mutualisée » écarte la solution des actions en justice contre les banques pour une mutualisation des collectivités afin de négocier avec les banques. Ainsi les 4.000 collectivités auraient bien plus de poids face aux sept établissements bancaires concernés.
Il est envisagée qu'une structure ad hoc temporaire reçoive mandat de négociation des collectivités de façon à négocier par type de produits. En contrepartie, la collectivité volontaire serait tenue de provisionner le risque encouru. A l'issue de la négociation, les prêts structurés de chaque collectivité ayant fait le choix de participer seraient transformés en prêts classiques à taux fixe ou variable. Pour les plus petites communes, l'Etat pourrait aussi apporter des subventions d'équilibre.
Certes, rien n'oblige les banques à négocier mais alors les députés n'excluent pas de légiférer afin de remettre en cause l'équilibre contractuel des emprunts.
Enfin, afin d'éviter que de nouvelles catastrophes, les députés annoncent leur volonté de déposer un projet de loi encourageant le recours aux emprunts obligataires, interdisant les produits structurés aux acteurs publics locaux et instituant une limite globale pour les prêts de ce type.
Au sein des collectivités, il est prévu d'instaurer davantage de clarté aux sein des assemblées délibérantes et même d'interdire la souscription d'emprunt en période électorale.
Pour aller plus loin : rapport de la commission sur le site de l'Assemblée Nationale