Justice pour les victimes de l'amiante...en Italie

Publié le par Laurent Comparot

Eternit-Italie.jpgEn Italie, la justice est passée pour les victimes de l'amiante. Au tribunal de Turin, le procureur général Raffaele Guariniello avait requis vingt ans de prison - la peine la plus lourde possible - contre chacun des accusés propriétaires de la société Eternit Italia, le milliardaire suisse Stephan Schmidheiny, et le baron belge Jean-Louis Marie Ghislain de Cartier de Marchienne, jugés pour «catastrophe sanitaire et environnementale permanente» et infractions graves à la sécurité du travail.

 

Ce procès étaient très attendu par les familles des 3.000 morts d'Eternit Italia et toutes les victimes du site de Casale Montferrato. Plus de 6000 parties civiles s'étaient constituées.

 

Le Suisse Stephan Schmidheiny, 64 ans, et le Belge Jean-Louis Marie Ghislain de Cartier de Marchienne, 90 ans, ont été condamnés ce lundi à 16 ans de prison.

Les deux accusés ont également été condamnés à de lourds dommages et intérêts : 30.000 euros aux familles de chaque victime, 25 millions d'euros à la commune de Casale Monferrato, 20 millions à la région du Piémont, 15 millions aux caisses d'assurance-maladie Inail. Au total, Les deux hommes devront aussi verser plus de 250 millions d'euros aux diverses parties civiles, selon les calculs de la défense.

 

Mais, aucun des deux accusés ne devrait purger sa peine. Stephan Schmidheiny (65 ans), un industriel figurant parmi les 500 premières fortunes du monde, s'est installé au Costa Rica où il affirme mener des «actions philanthropiques en faveur du… développement durable» en Amérique latine par le biais d'une fondation dotée d'un milliard de dollars. Quant au baron belge, son grand âge (90 ans) lui évitera l'incarcération. Enfin, l'un et l'autre feront probablement appel.

 

Cette victoire judiciaire aura sans aucun doute un énorme écho en France où depuis 1996, les multiples procédures s'enlisent, faute de volonté politique, de moyens judiciaires et d'indépendance de l'instruction.

 

En France, au scandale sanitaire, s'ajoute le scandale judiciaire avec comme dans notre ville d'Aulnay-sous-Bois, des victimes ignorées et une collectivité publique contrainte d'assumer les réalités d'une pollution environnementale.

 

Source : Le Monde et Corriere della Sera

Image : Corriere della Sera : ancien ouvrier d'Eternit Italia à l'énoncé du verdict

Publié dans environnement

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